“Le poêle s’est imposé comme le champion des modes de chauffage alternatif en France”
Emission Tout Compte Fait – France 2 – samedi 14 janvier 2017 à 14 heures
Reportage “Les techniques révolutionnaires pour alléger la facture”
Emmanuelle MESPLEDE
De 7’30 à 10’28 : le poêle à granulés
et se 10’28 à 14’48 : Invicta
“Pour faire baisser votre facture grâce aux énergies renouvelables, il y a plus simple et moins onéreux : le poêle à bois. Des millions de français l’ont déjà adopté et le dernier chic, c’est le poêle à granulés ou à pellets. Alors, est-ce vraiment un bon investissement ?
Dans les Ardennes, l’un des départements les plus froids de France, il a beaucoup de succès. Plusieurs fois dans l’hiver, Marie-France va chercher le combustible qui lui permet de se chauffer toute la saison. « Bonjour, on vient chercher les sacs de pellets qui manquaient, il y en avait une quinzaine » Les pellets sont ces petits morceaux de bois compressés issus de forêts renouvelables. Ils se consument très lentement et sont donc bien plus économiques que des bûches. Mais aussi bien plus pratiques « Ce n’est pas trop encombrant, ce n’est pas trop lourd, enfin c’est facile de venir les chercher et ça ne vous fait pas un gros coût, une grosse dépense d’un seul coup comme quand vous faites rentrer 1000 litres de fuel et qu’il faut payer tout, tout de suite. » Pour ces 15 sacs, Marie-France doit débourser 67.50 euros, de quoi se chauffer pendant 2 semaines. De retour chez elle, c’est dans son garage que Marie-France stocke ses granulés. Au total, elle a déjà mis de côté 2 tonnes, pour tout l’hiver. A l’étage, le poêle installé dans le salon suffit à chauffer les 80 mètres carrés de la maison. « Alors, là ça part dans le réservoir et après vous avez la vis sans fin et les pellets vont tomber par le petit trou que vous voyez devant. » Pour acheter son poêle Marie-France a dû casser sa tirelire. Il lui a fallu débourser 3700€ malgré le crédit d’impôt de 30%. Un investissement qu’elle espère amortir rapidement grâce aux granulés qui lui permettent de faire des économies. « Allez, on va dire 2 tonnes de pellets, 300 € la tonne, ça nous fait 600€ de chauffage à l’année. Quand on voit les factures de fuel, donc en 2014, on a eu 2 factures de fuel, ça fait 1400, sachant qu’avec ce fuel on mettait 10 stères de bois à 40€ le stère, donc 400€ ». 1800€ de fuel et de bois, il y a 2 ans, contre seulement 600€ aujourd’hui soit 1200€ d’économies chaque année. En 3 ans, son poêle sera donc rentabilisé.”
“En France, le succès du poêle est d’abord celui d’une marque et d’un homme. “Jean-Pierre Dupire, PDG d’Invicta a toujours des poêles plein la tête”. Il y a 11 ans, l’ex PDG d’Invicta a joué de son look original pour déringardiser la marque qui voit alors ses ventes exploser. “Un biker ? C’est l’homme aux poêles !” Invicta, créateur de poêles. À l’origine, ce n’était pourtant pas gagné d’avance pour le poêle à bois. “Là, c’est en quelque sorte notre grenier” Au siège, le responsable R&D de la marque a conservé les modèles préhistoriques de nos ancêtres, encombrants, polluants, poussiéreux. “Donc ça c’est un appareil tel qu’il était fabriqué dans les fonderies à la toute fin du XVIIIème siècle, qui présentait quand même un certain nombre d’inconvénients, notamment des chambres de combustion toutes petites, pas de possibilité de réglage. C’est une simple boîte dans laquelle on met le combustible avec beaucoup d’imbrulés, beaucoup de suie, beaucoup de poussières, beaucoup de monoxyde de carbone.” Au début des années 2000, l’entreprise a donc décidé de changer l’image vieillotte du poêle pour le faire rentrer dans nos salons. Fini le poêle de mamie, elle propose aujourd’hui des modèles entre 300 et 4000€ avec un argument de vente : l’esthétique. Pour cela, elle a recruté ce designer, chargé de leur donner un coup de jeune grâce à son coup de crayon. Cet après-midi, Bernard Dequet conçoit un poêle en forme de statue de l’Île de Pâques, à l’entendre, une œuvre d’art “C’est pas du tout de l’électroménager, ça n’a rien à voir, c’est vraiment une fonction qui a une symbolique très très forte. Le poêle a cette particularité, si l’on retourne un petit peu dans l’histoire du feu, d’être le centre de la maison. Et c’est un élément essentiel pour la vie” Une fois le poêle dessiné, le bureau d’études se réunit pour déterminer la faisabilité du projet “On se voit pour les nouveautés. Donc ça c’est le premier qu’on a fait. Et l’idée du Plug-IN c’est bien sûr de pouvoir changer les corps de chauffe” Tous les ans, la marque française lance entre 5 et 10 nouveaux modèles. “Il faut créer l’envie, et ça passe par la créativité, par la nouveauté”. En dix ans, l’entreprise est devenue leader du marché avec 60000 poêles vendus chaque année, “Made in France”. Exceptionnellement, elle a accepté de nous ouvrir les portes de sa fonderie dans les Ardennes au savoir-faire centenaire. “Vous coulez combien de tonnes, aujourd’hui, à peu près ? Je pense qu’on va arriver à 90 tonnes aujourd’hui”. C’est ici que tout commence, c’est la source”. La source, c’est cette fonte en fusion à plus de 1400 degrés, un métal utilisé depuis toujours pour construire les poêles car il résiste aux fortes températures. “Les moules vides arrivent, et sont remplis pour former la pièce qui ensuite sera utilisée pour faire des poêles. Donc la pièce va progressivement refroidir dans le moule, jusqu’au moment où il y aura séparation du sable et de la fonte.” Tout au bout du tapis, les pièces apparaissent, ici des portes de poêles. Les vingt pièces en fonte sont ensuite assemblées à la main. Chaque jour, plusieurs centaines d’exemplaires sortent de cette usine. Le poêle s’est imposé comme le champion des modes de chauffage alternatif en France.”